Nous y revoilà, encore une fois…sur cette affaire d’ISF tellement symptomatique des problèmes de la France.
Fournissons, pour ceux qui n’ont pas bien suivi, le pitch de cette tragi-comédie :
L’ISF, ou Impôt sur la Fortune, est un impôt sur le patrimoine des français institué par Mitterand dès son arrivée au pouvoir. « On va prendre les français par leurs petits côtés ! », confie t-il alors a Chevènement, fort lucide qu’il était sur la psyché collective du peuple français, et sur le poison qu’il allait distiller dans les rangs ennemis.
Un impôt pour les riches, parce qu'ils sont riches, et pour financer le RMI ! Inattaquable !
Pour récompense de leur travail acharné et des emplois qu’ils ont créés, de nombreuses personnes se voient prélever parfois plus de 100% de leurs salaire annuel, car la somme de l’ISF et des autres impôts est supérieure à leurs revenus.
En 1989 Rocard institue un plafonnement, afin que le cumul ISF + impôt sur le revenu ne dépasse pas 70% des revenus totaux du contribuable. Grâce a Michel Rocard, les contribuables les plus aisés ont la satisfaction très française de travailler seulement huit mois et demi par an pour l’Etat… Mais en 1991, sous Bérégovoy, on décide que les mêmes contribuables doivent finalement travailler plus de 10 mois pour l’Etat, soit jusqu'à 85% de leurs revenus !
En 1995, coup de théâtre ! C’est un homme de droite, mais ancien Inspecteur des Finances, Alain Juppé, qui supprime ce plafonnement et rétablit la situation de racket total de l’Etat qui avait fait réagir en 1989 un homme de gauche, Michel Rocard.
Vous n’avez rien compris ? C’est normal, même en faisant simple il est très difficile de faire comprendre la problématique de l’ISF dans toute son étendue, sa complexité, et son pouvoir de nuisance. En revanche il est extrêmement facile de dire que les riches n’ont que des problèmes de riches, et que baisser l’ISF équivaut à faire des cadeaux aux plus aisés.
C’est encore un de ces sujets où l’on se demande à propos de la gauche française quelle est la part entre l’aveuglement idéologique et le cynisme politique.
La France a perdu depuis 10 ans plus de la moitié de ses plus grandes fortunes, qui en avaient marre de se faire tondre la laine sur le dos. Cela représente une perte économique, fiscale et patrimoniale considérable pour le pays. Ce choix n’a pas été facile pour la plupart de ceux qui se sont exilés. Mais il était devenu moins difficile que le fait de supporter le racket institutionnel de l’Etat Français au nom de la solidarité.
Rappelons que le Conseil Constitutionnel français et la Convention Européenne des droits de l’homme ont tous les deux statués sur le rapport imposition/revenus, considérant qu’une imposition globale supérieure a 50% des revenus était spoliatrice. La Cour Constitutionnelle allemande a statué de la même manière, son avis ayant participé à la décision de supprimer l’ISF outre-Rhin.
Le projet de bouclier fiscal de Sarkozy n’a donc rien à voir avec un cadeau aux plus riches. Il vise seulement à ramener leur imposition globale au seuil maximum considéré comme acceptable du point de vue des libertés et des droits fondamentaux par des institutions que l’on ne peut qualifier de suppôts du capitalisme. Il s’agit de mettre fin à un abus de droit qui a duré plus de 25 ans et a énormément nuit aux intérêts de la France.
De manière générale, la plupart des mesures du paquet fiscal du gouvernement ne visent qu’à alléger des prélèvements excessifs, voire scandaleux institués au fil des ans par la gauche, et quelquefois certains technocrates de droite. Loin d'être des cadeaux, elles sont un début prudent de retour à la normale, c'est à dire à des niveaux de prélèvement plus justes ou moins confiscatoires.
Les hauts cris poussés par ceux-ci face aux mesure du paquet fiscal sont pathétiques soit d’ignorance, soit de démagogie.
Dans le Journal des Finances de la semaine dernière, Yves de Kerdrel écrivait ces très justes lignes que nous citerons en entier :
«Conficius disait que « sous un bon gouvernement la pauvreté est une honte, et sous un mauvais gouvernement la richesse est aussi une honte». Et l’on ferait bien de se le rappeler dans notre pays, ou l’on croit souvent faire de la bonne politique avec des idées de dames de charité.
La richesse est là pour tourner, pour se réinvestir dans l’économie, pour ainsi créer des emplois, pour générer de la consommation supplémentaire, donc pour doper l’activité et relancer l’embauche. Et il n’y a rien de pire que de jeter l’opprobre sur ceux qui ont réussi, dans des conditions difficiles, à se constituer un patrimoine. Bien sûr, plus il y a de riches, plus il y a d’inégalités. Mais ce qui importe c’est qu’il y ait moins de pauvres. C’est heureusement ce qui se passe grâce à la mondialisation. Et c’est ce qui rend caduques et obsolètes toutes les velléités de nivellement et de taxation exprimées régulièrement dans l’hexagone. »