Presque un an après le post dans lequel je regrettais que Courrier International se soit joint de manière grossière à la cabale anti-Sarkozy lors de la campagne présidentielle, je ne peux retenir ma plume plus longtemps pour poser la question suivante : Courrier International est-il un journal de journalistes ou de militants ? Et qu'en est-il de l'esprit original du journal ?
Lorsque Courrier International est apparu, le journal apportait dans le paysage de la presse française (et mondiale je crois) deux nouveautés fondamentales :
- la traduction de journaux étrangers permettant de connaître les points de vue locaux exprimés par un grand nombre de journalistes à travers la planète, sur des sujets larges et variés.
- la présentation sur de nombreux sujets de points de vue opposés ou à tout le moins différents. Avec peu ou prou un traitement a 50/50 des "pour" et des "contres" sur un sujet déterminé, en tous cas dans les dossiers spéciaux.
Ce sont ces deux approches nouvelles et intéressantes de l'information qui ont fait de Courrier International une formule qui a rapidement trouvé un succès mérité.
Qu'est-ce qui a donc changé depuis lors ?
Sur le premier plan, rien ! Le journal continue a nous offrir un panorama intéressant d'articles parus dans la presse mondiale sur un éventail très ouvert de sujets.
Sur le deuxième plan en revanche, le changement est très perceptible.
Sur l’approche politique des sujets en général, le rachat du journal par Le Monde a entraîné une modification progressive mais sensible de l’équilibre jusqu’alors respecté entre les points de vue “de gauche” et “de droite”. Cette inégalité de traitement des points de vue n’est certes pas systématique, mais elle est récurrente et incontestable sur la durée pour un observateur averti.
Certains opineront que Courrier International appartenant au groupe Le Monde, il n’est pas anormal que le journal favorise l’approche des problèmes la plus en ligne avec le positionnement politique du quotidien français. D’autres comme moi regretterons l’époque où leur réflexion intellectuelle était stimulée par l’exposition équilibrée de points de vue opposés, libre à eux de trouver ensuite la plus grande pertinence là ou elle leur paraissait être.
Mais il est un point sur lequel Courrier International a perdu toute retenue, au point que cela en devient indécent. C’est le sujet Sarkozy !
Pas - ou presque - un numéro depuis un an qui ne contienne une ou plusieurs charges contre le candidat, puis le Président ! On ne compte plus les couvertures-caricatures, accompagnées de dossiers qui sont en réalité des compilations de points de vue hostiles, quelquefois hallucinants de parti-pris ou d’inexactitudes. Jusqu’aux pages "France" qui sont depuis quelque temps, pour les “sélectionneurs” de Courrier International, un autre espace réservé aux attaques envers le Président, leur bile anti-Sarko étant certainement trop à l’étroit avec les seules couvertures et dossiers spéciaux !
Visiblement Courrier International a décidé de chasser le lecteur sur le terrain de Libération, ce qui est son droit... Mais dans ce monde cruel, on n’a rien sans rien ! On ne peut pas vendre de la propagande et faire croire que l’on vend de l’information. Un militant n’est pas un journaliste. L’équipe de Courrier International a certainement de bonnes raisons de haïr Sarkozy, selon son point de vue... Mais il est regrettable qu'elle ait choisi de se joindre à la meute des charognards (selon l'expression appropriée de Rama Yade) dont les assauts redoublent au fur et à mesure que les opinions positives baissent dans les sondages. Comme l'a souligné Pierre Giacometti, la personne de Sarkozy provoque une polarisation des opinions. Au lieu de choisir le camp de l'information, et de rester fidèle à sa formule, Courrier International rejoint tous ceux qui laissent libre cours à leur mépris ou à leur haine du Président, en piétinant souvent les règles les plus élémentaires de la déontologie journalistique.
En tant que lecteur et fidèle - malgré tout - je resterai un abonné de Courrier International pour lire les traductions d’articles de la planète entière sur des sujets variés et intéressants. Mais j’ai perdu tout le respect que j’avais pour le journal et sa manière de couvrir l’information. D’abonné par élection, qui a passé des années à recommander vivement le journal et à lui apporter des clients, je suis passé au statut d’abonné par défaut. Dommage !
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