Décidément la cabale anti-riches et exilés fiscaux ressemble de plus en plus a une série TV dont le succès commercial justifie la production sans fin de nouvelles saisons. Si l'on considère que les thèmes lancés et débattus lors d'une campagne électorale sont révélateurs des préoccupations meublant la psyché collective d'une nation, alors celui de la richesse "inégale" est sans contestation le premier d'entre eux ! Ce thème a en effet distancé, au baromètre des propositions et effets d'annonces, tous les poids lourds traditionnels : immigration, chômage, insécurité, et le nouveau venu - trop tard - de la dette.
Après Hollande et les 75% d'imposition au delà de 1 M€ de revenus, Nicolas Sarkozy a cru bon, dans sa pêche électorale aux points
manquants, de reprendre à son compte la proposition déjà formulée par Jean-Luc Mélenchon de créer un impôt lié à la nationalité.
Ce sujet est symptomatique du populisme qui infecte le débat national, caressant dans le sens du poil ce grand défaut français qu'est la jalousie
de la richesse des autres. Mais il illustre aussi cette limite de la démocratie que De Tocqueville avait fort bien anticipé : la tyrannie de la majorité.
En l'occurrence la majorité des médiocres, des jaloux et des assistés sur la minorité des investisseurs et créateurs de richesses.
Au lieu de rendre la France attractive pour les gros patrimoines, tant français qu'étrangers, nos politiques choisissent a l'unisson de
franchir une étape de plus dans l'atteinte aux libertés fondamentales, en mettant les détenteurs de capitaux face a deux alternatives
extrêmes : se faire tondre la laine sur le dos en restant français, ou sacrifier sa nationalité pour échapper au racket fiscal.
Un peu comme un père qui dirait à sa fille de 16 ans : tu restes dans ta chambre a travailler tous les week-ends ou tu quittes la maison !
Nul doute que de très nombreuses jeunes filles vont quitter le foyer paternel, et surtout qu'elles n'y remettront plus
jamais les pieds !
Bien entendu, toutes ces propositions sont formulées sans aucune réflexion en profondeur sur les limites ou impossibilités de
leur application. Comment distinguera t-on un expatrié pour raisons fiscales d'un expatrié par choix de vie ? Un expatrié
"participant de la puissance et du rayonnement de la France" et un expatrié n'ayant pas droit à ce titre ?
Les cerveaux ayant participé a cette lumineuse idée ont-ils pensé que la plupart de ceux qui ont pu faire le choix de s'exiler en Suisse, au Luxembourg, en Belgique,
auront la mobilité nécessaire pour changer a nouveau de pays d'accueil en cas de nouvelles conventions fiscales avec les pays mentionnés ?
François Baroin parle, lui, de changer 110 ou 120 conventions fiscales. Une plaisanterie dont le coût en terme de travail juridique et diplomatique n'est bien sûr pas évalué,
puisqu'il justifie le maintien de fonctionnaires dont la raison d'être est plus que jamais de faire la chasse aux français les plus productifs a travers des tâches et des pouvoirs
parfaitement anti-productifs et liberticides.
Peut-on douter également que de nombreux français de l'étranger seront tant exaspérés qu'ils n'hésiteront pas a changer de nationalité si nécessaire ?
Non contente de chasser ses élites non fonctionnarisées, la France les pousse à présent a renier leur identité ?
Jusqu'à quelles extrémités la France ira t-elle dans sa folie égalisatrice ?
Il est a noter qu'il n'est question a aucun moment de réduire les avantages considérables dont jouissent les fonctionnaires de l'étranger,
alors que l'Etat croule sous des dettes dont le remboursement urgent est étrangement absent du débat électoral.
Messieurs les stratèges de l'UMP, Mr le Président, Mr Baroin, Mr Mélenchon, vous pouvez gaspiller l'argent des français a poursuivre
leurs "mauvais compatriotes" qui ont choisi des cieux fiscalement moins infernaux que ceux de la France. Vous ne ferez que creuser
davantage l'abîme de la dette qui va bientôt vous faire valser, et dont vous évitez soigneusement de parler.
Malgré vos discours, vos combats sont ceux d'une nation qui agonise. Vous entrainerez dans cette agonie tous les français, et parmi eux les entrepreneurs
qui ne peuvent quitter leur pays parce que des dépendances familiales ou professionnelles les y obligent, ou ceux qui croient encore
que notre sécurité sociale est la panacée mondiale et qu'elle vaut tous les sacrifices.
Si vos annonces sont des coups de bluff démagogiques, vous êtes des irresponsables qui rendez la France invivable
et repoussante pour les forces vives que vous flattez dans vos beaux discours.
Si vous envisagez vraiment d'appliquer vos propositions, de signer à la va-vite des conventions fiscales a grands frais
et de sacrifier des forêts de paperasse en piétinant les droits de l'homme, il reste à espérer que ceux-ci seront défendus
par une institution européenne, ce qui sera bien triste pour le pays de la Déclaration des Droits de l'Homme.
Cette campagne électorale est décidément pathétique !