Le gouvernement a confirmé cette semaine le doublement à venir du plafond du Livret A, censé notamment permettre la construction de davantage de logements sociaux.
Or seuls les gens mal renseignés ignorent que le problème du logement social n'est pas le financement mais la capacité de construction, en raison de la faiblesse de l'offre de terrains disponibles. On pourrait donc penser que la décision claironnée par le gouvernement est motivée par un mélange de démagogie et d'ignorance des réalités du terrain, comme cela est le cas pour la plupart des réformes envisagées par notre candide nouveau pouvoir "progressiste".
Mais il y a peut être une autre explication, qui conduirait a décocher la case "ignorance" pour cocher plutôt les cases "cynisme", "mensonge" et "vol en bande organisée" (mais je vous rassure, la case "démagogie" reste cochée).
Nul n'ignore la situation apocalyptique dans laquelle se trouve la France du point de vue de la dette. Même si récemment les taux obligataires a 10 ans ont atteint un plus bas a 2,13%, cela n'est du qu'a un transfert de fonds des marchés actions vers les obligations compte tenu des nuages qui s'amoncèlent en zone euro. Mais a terme on sait fort bien que les taux des obligations françaises vont finir par se tendre, les investisseurs étrangers devenant de plus en plus réticents a prêter a La France au fur et a mesure que la dure réalité finira par apparaître.
Etant donné que le gouvernement n'a pas un instant l'intention de prendre a bras le corps les problèmes de désendettement et de réformes structurelles éminemment nécessaires, suivant la voie de Cameron au Royaume-Uni et de Rajoy en Espagne, il lui reste la solution préférée des politiques en général et des socialistes en particulier : repousser le problème a plus tard, faire des tours de passe passe et continuer a vivre à crédit.
A ce titre la décision de relever le plafond du Livret A est un joli coup, et comme l'a très bien perçu Simone Wapler des Editions Agora, "elle va permettre de renationaliser la dette et de la diriger vers les OATi , les obligations d’État indexées sur l’inflation française. Or ces obligations coûtent de plus en plus cher à l’État puisque les chiffres d’inflation officielle progressent."
Pour continuer à citer Simone Wapler, "il s’agit bien entendu d’un piège. On vous propose de placer non plus 15 300€ mais 30 600€ en franchise d’impôt sur votre livret A. La rémunération dudit livret est fixée par le gouvernement et elle est (en principe) fonction de l’inflation.
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Premier problème : « en principe », car cette indexation n’est pas mécanique.
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Deuxième problème : c’est le gouvernement qui contrôle la méthode de mesure pratiquée par l’INSEE,
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Troisième problème : les dépôts sur livrets sont immédiatement recyclés dans les émissions obligataires françaises. L’État français doit trouver tous les jours 800 M€ sur les marchés pour rouler sa dette et payer ses dépenses courantes. Un jour viendra où il aura du mal à les trouver à un taux supportable. Ce jour là, nécessité faisant loi, il réquisitionnera vos livrets. Votre épargne sera gelée et on vous expliquera que c’est une crise de liquidité, pas de solvabilité.
Selon L’Agefi d’hier, 9% des 60 millions de livrets sont au plafond des 15 300€ et ils représentent 40% des dépôts. À fin mars, l’encours des livrets A atteignait 224 Mds€.
Par ce moyen, le nouveau gouvernement peut mettre potentiellement la main sur 90 Mds€ à recycler en emprunts obligataires. Il financerait ainsi presque la moitié de ses besoins d’emprunt !"
Cette mesure cousue de bonnes intentions fait donc partie d'un arsenal de mesures que les stratèges de Mr Hollande ont préparé bien avant les élections afin de pouvoir travailler comme les socialistes l'ont toujours fait :
- trouver un prétexte moral bon pour la popularité
- continuer a dépenser en faisant de la cuisine comptable
- se payer la tête du bon peuple, en le dépouillant au passage
- passer la facture aux générations suivantes
A bon entendeur, salut !