Coup de theatre sur les marchés hier !
Alors qu'une majorité d'analystes et acteurs attendaient une faible diminution du QE (l'injection régulière de morphine administrée aux marchés actions et obligations par le Dr Bernanke et sa clique de faux monnayeurs autorisés), ce dernier annonce finalement maintenir son programme de rachat d'obligations au rythme actuel.
Alors que les marchés accros aux injections de fond s'apprêtaient à accuser le coup d'une diminution de leur dose, la déclaration de Bernanke a littéralement pris tout le monde a contrepied et provoqué de violents mouvements, le Dow Jones et le S&P 500 battant de nouveaux records historiques en plein marasme économique, l'or enregistrant sa meilleure progression depuis 2009, les obligations du Trésor US enregistrant leur plus forte baisse depuis mars 2009, et l'USD s'écroulant (plus de 1,35 $ pour 1 euro).
La visibilité économique est déjà catastrophique pour de nombreuses raisons :
- les épées de Damocles des dettes gouvernementales et les soubresauts boursiers, sociaux et politiques qu'elles entrainent
- les gesticulations désespérées des politiques qui n'ont pas la moindre idée de ce qu'ils font, et dans 95% des cas empirent la situation
- les manipulations et trucages des chiffres du chômage, de l'inflation, du marché immobilier US
- le maintien des taux d'intérêts a des niveaux artificiellement bas
Comme si cela ne suffisait pas, les banquiers centraux s'appliquent a livrer des déclarations qui peuvent être interprétées de mille manières, et lorsque les marchés croient avoir anticipé un mouvement, a déjouer leurs attentes.
Tout en insistant sur la nécessité de la "forward guidance", nouvelle mode qui consiste a annoncer longtemps à l'avance leurs actions futures, ceux-ci pratiquent en fait exactement l'opposé de ce qui est une communication claire.
Passons sur la cacophonie aux USA ou chaque responsable de Federal Reserve Bank locale s'exprime en envoyant un message différent. Bernanke avait fixé un taux de chômage en dessous de 7% pour commencer a diminuer le QE. Hier l'objectif est soudainement passé a 6,5%.
Tout ceci est parfaitement ridicule, et surtout complètement irresponsable. Quant à la grille de lecture de ces événements, elle est de plus en plus claire : le QE ne sert qu'a soutenir artificiellement les marchés et a racheter des obligations dont se délestent les créditeurs des USA, en particulier la Chine et autres pays émergents exportateurs.
Une étude commandée par la Banque d'Angleterre a démontré de manière limpide que l'argent des QE ne parvient pas à l'économie réelle. Le QE n'est qu'un instrument d'illusionnistes apprentis sorciers, terrorisés par les perspectives d'une baisse importante et inéluctable des marchés et une hausse des taux d'intérêts insupportable compte tenu de l'endettement.
Je pense que le contrepied d'hier avait aussi un autre but : massacrer les "shorts", soit ceux qui se positionnent par rapport a une baisse des marchés. Depuis 2011 ceux-ci sont pris en défaut soit par Draghi soit par Bernanke, et avalent la potion amère du "Don't fight the FED" (on ne lutte pas contre les banques centrales).
Mais ils sont tout de même fort ennuyeux avec leurs discours réalisto-pessimistes et leurs achats de couvertures ou leurs positions "shorts", alors qu'on se tue a vous dire que tout va très bien, que la reprise est sur les rails, que l'immobilier repart...
Il s'agit en fait d'une bataille épique entre les grands illusionnistes (banquiers centraux et politiques), qui ont pour eux le pouvoir de la communication et de la planche a billet, et tous ceux qui depuis longtemps tirent la sonnette d'alarme ou jouent la baisse.
Les discours des premiers sont noyés par le flot médiatique relayant en grande majorité les points de vue des pseudos-économistes keynésiens à la Krugman. Les positions des derniers, ceux qui jouent la carte de la réalité, sont littéralement atomisées par les "shots" de QE chaque fois qu'il semble que les fondamentaux vont reprendre le dessus.
La seule question est : combien de temps ce petit jeu va t-il durer ?
Quant à la question de savoir comment il se terminera, la réponse est déjà connue : hyperinflation si les illusionnistes gagnent, cataclysme financier et économique s'ils perdent. Ceux qui espèrent une autre sortie seront déçus. Et ceux qui espèrent l’hyperinflation comme moindre mal devraient replonger dans leurs livres d’histoire.
L'avenir est radieux !